Gestion de la blessure

JÉRÉMY DUCOUSSO 

Le sport, la vie, les accidents et leurs blessures 

Des que l’on commence à faire du sport, amateur ou de compétition, on est sujet à la blessure. Elle peut avoir des conséquences sur notre motivation ainsi que modifier ou créer une croyance, une peur que nous avons développée. Suite à une blessure, nous pouvons parfois gérer notre effort à la reprise ou bien après, par peur de ressentir à nouveau de la douleur nous pouvons également ne pas avoir envie de reproduire le geste qui l’a provoqué par hantise se blesser à nouveau. Vivre la blessure à partir du moment où elle a lieu, jusqu’à la reprise sportive (s’il y a reprise) peut être un véritable calvaire pour certaines personnes (pour les personnes alitées, appareillées…). Cette période peut même provoquer des phases de dépression pour certains sportifs de haut-niveau. Par conséquent, quelles possibilités s’offrent à nous pour surmonter nos blessures et gérer cette étape, afin de revenir plus fort ! 

La blessure survenue, il est important de l’intégrer et de l’accepter, c’est peut-être la phase la plus dure et la plus compliquée. Suivant sa gravité cela peut demander du temps et beaucoup de recul. Par exemple, une blessure qui nécessite une intervention chirurgicale. À la suite de l’intervention, il est normal que des zones soient un peu moins sensibles au touché et d’autres beaucoup plus. Des douleurs chroniques ou autres pourront également survenir c’est pour cela qu’il va falloir apprendre à vivre avec, l’accepter et préparer aussi son corps en conséquence avant le retour à la compétition ou simplement la reprise de la pratique. 


A retenir, gestion de la blessure:

  • Comment accepter la blessure
  • Entretenir sa motivation
  • Définir ses objectifs
  • L’imagerie mentale
  • S’aérer l’esprit
  • Le bilan

Comment faire pour accepter ma blessure ? 

Le sportif doit immédiatement être acteur et non subir le protocole. 

Dans un premier temps, l’athlète doit être capable d’analyser sa blessure (avec son encadrement), savoir comment et pour quelles raisons, elle est survenue, dans quel état il se trouvait à ce moment même et durant les jours postérieurs à la blessure :

  • alimentation,
  • fatigue,
  • alerte musculaire,
  • émotions,
  • stress…

Tous ces points alimentent l’analyse globale sur l’hygiène de vie et si l’athlète a pu recevoir des signaux d’alertes qu’il n’aurait pas perçu ou qu’il n’a pas voulu écouter. Cela offre également la possibilité, de voir des points pouvant être changés dans son entraînement, dans le suivi médical ou dans la pratique sportive en elle-même. Cette analyse va préciser si la blessure était « inévitable » ou bien si elle survient à cause de facteurs externes qu’on ne pouvait pas contrôler. Cette première prise de conscience permet, pour commencer, de prendre de la hauteur et de redevenir acteur et maître de son corps. Cette prise de conscience est importante au niveau psychique pour la blessure. Ensuite, il est important que l’athlète assimile l’ensemble du protocole qui va être mis en place (rééducation/chirurgie/radio…) puis qu’il comprenne également qu’à la suite de cette blessure, il perdra éventuellement de la masse musculaire, de la mobilité.

Un travail pourra donc être affiné en conséquence avec le corps médical lors de la rééducation. Cela induit ou implique, que l’athlète pose un ensemble de questions au près du médecin, du chirurgien, du kiné et que dans la mesure du possible elles soient élucidées. Cette phase, indispensable et minutieuse, jouera un rôle essentiel dans la motivation et le franchissement d’étape pour revenir plus fort et plus serein. 

Avoir une motivation à toutes épreuves ! 

Abordé ci-dessus, la motivation dans la rééducation joue un rôle déterminant dans le bon déroulement de votre rééducation ainsi que dans l’approche des douleurs, de la mobilité et des limites que vous vous fixerez sans le vouloir (dû à notre part inconsciente, douleurs …). Notre santé mentale et notre préparation mentale deviennent primordiales à ce moment là, pour optimiser une rééducation. 

Des objectifs bien définis dans le temps avec le corps médical

Pour cela, le premier point va être de se fixer des objectifs de manière simple. Attention !!! Ces objectifs devront être placés d’un commun accord avec le corps médical et le staff d’entrainement afin qu’ils puissent être flexibles, honnêtes et réalistes. Par exemple, il est irréel de se fixer comme objectif de faire des squats complets après une chirurgie des ligaments croisés au bout d’un mois… En revanche, il peut être intéressant ou cohérent, après avis du kiné et du chirurgien, de se fixer pour objectif, au bout de x semaines, d’avoir atteint une tranche de flexion, par exemple entre 130° et 110° de flexion (se donner une petite marge est plus raisonnable). 

Le but de cette démarche ? Trouver une ligne directrice dans sa rééducation, entretenir sa motivation mais aussi ne pas aller trop vite. Il sera important de définir, dans ce processus, des vecteurs d’apprentissages procurant du plaisir et de la découverte de soi même… une rééducation reste une perpétuelle découverte de soi ! Il est important de faire cela avec prudence et de consulter régulièrement l’avis médical qui n’empêchera pas d’appréhender son corps et cet éveil de soi-même. Si je garde l’exemple de la chirurgie du genou (LCA), le réapprentissage de la marche doit être un vrai plaisir et une vraie découverte de chaque muscle, chaque membre de son corps qui nous permet de fonctionner ainsi dans une situation qui peut nous paraître simple en définitive ! 

Les objectifs permettront d’établir un planning journalier avec l’équipe (kiné, docteur…) et de s’investir dans son parcours médical et non de le subir. L’apprentissage et le plaisir, eux, permettront d’entretenir votre motivation dans la durée et de valider votre volonté ainsi que votre désir à revenir dans le sport. Ils aideront également à débloquer des croyances négatives construites aux grès de la blessure et des douleurs… 

L’imagerie mentale

Favoriser sa reconstruction musculaire, sa mobilité et diminuer ses douleurs
Peu utilisée dans l’ensemble des protocoles de rééducations, son efficacité est connue et reconnue sur les rééducations de LCA de genou, des personnes plâtrées, pour le stress… Plusieurs exemples sont appuyés par différentes études, comme celles menées par Clark, Mahato, Nakazawa, Law et Thomas en 2014. Les études d’Aymeric Guillot en France le démontrent également notamment avec son étude de 2012 et son film « A la recherche du sportif parfait ».
L’imagerie mentale consiste à se représenter mentalement une situation, un geste, un endroit et le répéter plusieurs fois en essayant d’y développer ses ressentis physiques (visuel, ouïe, kinesthésiques… les 5 sens). En effet, il s’avère que lors de rééducation, se voir mentalement plier son genou, réaliser un geste de musculation ou encore diminuer sa propre douleur, réalise des connexions neuronales avec nos muscles et développe ces capacités là (explicité de manière simple ici). Bien entendu, le seul fait de se voir plier le genou sans rééducation approprié ne permettra pas de le plier… Cependant, en complément de la rééducation, cette pratique peut permettre d’accroître des degrés d’amplitude gagnée et de favoriser un retour musculaire ainsi que de la mobilité. 

De ce fait, le réaliser avant la séance de rééducation, pendant et après augmente la réussite de la rééducation, diminue certaines appréhensions, et évacue le stress. 

S’aérer l’esprit et être léger 

Dans une blessure, nos émotions sont mises à rudes épreuves, souvent décuplées, elles ne vont malheureusement pas toujours dans le sens que nous souhaiterions. C’est la partie que je ressens la plus difficile à mettre en place pour l’athlète car il peut y avoir des contradictions mais aussi parce que durant ces moments, la solitude peut nous être considérablement bénéfiqueA contre courant, lors d’une blessure l’élément incontournable pour maintenir son niveau de motivation est le lien social et la cohésion sociale que l’on va développer autour de nous ; de la famille, aux amis, coéquipiers jusqu’aux partenaires de rééducation qui sont dans le même état que nous. Attention, nous avons tendance à beaucoup nous appuyer sur ces derniers (partenaires de rééducation) car ils sont dans le même état que nous, ont le même ressenti voire une histoire ou un vécu similaire… Cependant, ils s’avèrent être nos pires ennemis ! 

Pourquoi ? 

Tout simplement parce que nous faisons quelque chose de très humain, UNE COMPARAISON. Comparaison sur notre avancée, notre récupération, nos douleurs. Grossière erreur !!! Chacun est unique, différent et a une expérience différente au point de vu psychologique. Et, il en est de même pour l’organisme qui ne fonctionne pas de la même façon selon les personnes, concernant par exemple, le retour musculaire ou autre. 

Dans ce lien social, nous cherchons une porte de sortie, une liberté pour se vider l’esprit et se l’occuper. Le plus important est de prendre conscience que des émotions positives favoriseront la convalescence. En effet, là encore, plusieurs livres et études le démontrent sur les personnes atteintes de cancer ou celles voulant arrêter le tabac ou l’alcool. Les personnes sujettes à des émotions positives et optimistes augmentent leurs réussites et leur bien-être tout au long de la rééducation. 

Le bilan 

N’hésitez plus, dans la limite du raisonnable mais activez-vous, réalisez des activités, du yoga, de la méditation, des sorties entre amis, en famille, restaurant, cinéma… il en va de votre santé mentale… 

Certaines personnes préfèrent bannir leur sport durant la rééducation et tout arrêter (couper). Là encore, il s’agit d’un ressenti au moment présent qui est différent suivant l’expérience de chacun et de la gravité de la blessure. Toutefois, il est toujours intéressant de garder un pied dans son milieu et de conserver le contact pour ne pas perdre ses automatismes afin de continuer à les développer et les maintenir simplement en regardant mes adversaires, mes coéquipiers… Bien entendu, la liste n’est pas définitive et beaucoup de procédés en plus de ceux évoqués ici pourront favoriser votre rééducation, convalescence ou autres.

Ces propos ou réflexions, peuvent s’appliquer aussi bien aux sportifs qu’à une personne malade. Il faudra juste réajuster ou adapter les objectifs afin qu’ils soient plus souples et plus appropriés à la pathologie de la personne. La discussion, l’acceptation et la compréhension restent primordiales pour avancer et créer son propre chemin. Celui-ci, sera plus paisible et optimiste si vous êtes bien accompagné et bien entouré. 

Éviter de rester calfeutrer seul chez soi est un excellent départ. La suite avec les solutions dont vous avez besoin, seront à trouver au fonds de vous. L’essentiel étant de prendre et utiliser ce qui vous correspond personnellement et non pas chez les autres. 

Jérémy DUCOUSSO, Préparateur Mental – Sophrologue, Toulouse Décembre 2018. 

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